Avec Horizons climatiques - Rencontre avec neuf scientifiques du G.I.E.C., Iris-Amata Dion transforme les rapports du GIEC en une BD de vulgarisation scientifique accessible et émouvante. Rencontre avec une autrice qui croit au pouvoir de la BD pour sensibiliser et inciter à l’action face à l’urgence climatique.
Pourquoi une bande dessinée sur le thème des rapports du GIEC ? Pourquoi l'outil bande dessinée ?
Iris-Amata Dion : Déjà, parce que j'adore les bandes dessinées ! J'en lis beaucoup. Mais aussi parce que c'est un outil qui touche un plus grand public qu'un livre, du fait qu'il y a des images, la narration, une complicité entre des personnages. Il y a un côté fictif, c'est un documentaire fictif, une fiction. Et ça permet d'aller jusqu'au bout de l'histoire et de glisser des éléments de vulgarisation scientifique, de partage de la connaissance, à travers une histoire assez simple entre deux personnages qui vont à la rencontre d'auteurs et d'autrices des rapports du GIEC.
Comment avez-vous sélectionné ces sujets ? Est-ce un travail que vous avez fait vous-même, seule avec votre regard scientifique ? Ou est-ce que vous avez échangé avec Xavier Henrion ?
Xavier, je l'ai rencontré vraiment très tardivement, après avoir écrit ce scénario. Initialement, je voulais même moi-même dessiner la bande dessinée, mais je me suis dit que j'allais mettre plus de dix ans à le faire et que c'était urgent de publier cet ouvrage ! Les éléments, je les ai choisis en suivant la structure même du GIEC. C'est-à-dire que le GIEC est divisé en trois grands groupes de travail. Il y en a un qui porte sur la compréhension du changement climatique. Le deuxième groupe porte sur les risques et les moyens d'adaptation. Et le tout dernier groupe sur ce qu'on appelle les solutions et les moyens d'atténuation des dommages du changement climatique, comment atténuer nos émissions de gaz à effet de serre, etc.
Les auteurs que j'ai choisis viennent progressivement de chacun de ces trois groupes, de sorte qu'on puisse parcourir l'ensemble du contenu des rapports du GIEC. Les auteurs, je les ai choisis à la fois parce qu'ils faisaient partie d'un de ces groupes et à la fois parce que certains étaient des collègues qui travaillaient dans mon laboratoire. A la suite d'une première rencontre, ils m'ont suggéré d'aller voir tel ou tel autre auteur. Je me suis renseignée et j'ai choisi des thématiques pour parler de tel sujet. Virginie Duvat nous parle des solutions d'adaptation, mais c'est vraiment focalisé sur les régions côtières. Il fallait que je prenne un exemple pour qu’on voie le principe, donc ce fut celui-ci, mais ça peut s'adapter à d'autres régions.
Et comment avez-vous dosé entre le côté didactique et le mode de traitement avec des personnages, des dialogues ? Est-ce un travail instinctif ou vous êtes-vous posé des questions pour vulgariser ?
Je me suis posé des questions ! Pour moi, c'était important de jongler avec tout ça. À la fois, c'était très important de parler de connaissances scientifiques pour qu'elles puissent être comprises, retenues, partagées autour de soi. Et créer des discussions, générer des solutions, des moyens d'agir. Mais aussi, c'était très important de ponctuer, d'équilibrer ça avec les témoignages émouvants des auteurs du GIEC. Donc la part sensible de ces scientifiques !
Parce que dans l'esprit des gens, parfois, le scientifique, c'est quelqu'un de très pragmatique, mais pas forcément de très sensible. Et là, je voulais vraiment montrer ce côté-là. Ainsi que leur manière de vivre avec leur casquette de scientifique, mais aussi celle de citoyen/citoyenne. Et lisser tout ça à travers l'histoire d’Iris et de Xavier, notamment toutes les émotions de ce dernier.
Je vous parlais de la structure de l'ouvrage qui se compose en trois parties suivant les trois grands groupes de travail du GIEC, mais elle suit aussi la courbe du deuil qui est celle des émotions par lesquelles va passer le personnage de Xavier. Chaque chapitre représente une émotion de cette courbe. C'était important de parler de tout ça parce que, d'après moi, une émotion aide à retenir une information. C'est important aussi de toucher les gens via l'émotion, l'image, la couleur…

Extrait de la BD " Horizons climatiques - Rencontre avec neuf scientifiques du G.I.E.C. " (Glénat, 2025) par Iris-Amata Dion et Xavier Henrion, une bande dessinée documentaire sur l’urgence climatique et la biodiversité. © Glénat - Iris Amata-Dion et Xavier Henrion
Il y a une grosse médiatisation qui a été faite autour de votre livre. Est-ce que pour vous, ça vous semble plus ou moins facile d'attirer des journalistes sur le livre que d'attirer des lecteurs ?
Je ne sais pas quoi répondre parce que c'est la première fois de ma vie que des journalistes me contactent pour un ouvrage… puisque c'est mon premier ! J'ai l'impression qu'on a eu quand même beaucoup de chance de ce côté-là. Et pour les lecteurs, je connais le nombre d'exemplaires tirés ; après, je ne sais pas ! Je fais souvent des conférences dans différentes structures : dans des universités, des médiathèques, des festivals sur l'environnement ou des entreprises. Et je parle à des publics plus ou moins grands. Et pour moi, ces échanges sont hyper importants et donnent vraiment du sens à tout ce travail. On a aussi via les réseaux sociaux des messages super sympas de lecteurs.
Vous avez fait des sciences de dédicaces, également.
Oui, beaucoup. C'est super chouette, c'est très intéressant ici comme expérience. Et ce qu'on observe, c'est que les personnes qui s'intéressent à l'ouvrage en premier lieu sont des personnes qui sont déjà sensibilisées et qui vont ensuite l'offrir autour d'eux. Et les personnes à qui on a offert l'ouvrage vont ensuite soit l'offrir à nouveau, soit en parler. Cela se passe en plusieurs temps ! Il nous est déjà arrivé en conférence ou dans des rencontres que des personnes nous racontent qu'ils ont acheté l'ouvrage en 5, 10 exemplaires pour l'offrir autour d'eux à des personnes un peu moins sensibilisées ; pour justement s'appuyer sur l'ouvrage pour discuter de tout ça !
Le fait d'être sélectionnée par le Cabaret Vert pour ce prix, dans un festival qui a une dimension verte, ça représente quoi pour vous ?
On est super heureux quand ça nous arrive ! On a déjà été sélectionnés pour plusieurs autres types de prix. Mais là, le festival a l'air super chouette. Les BD qui ont été sélectionnées sont vraiment géniales aussi.
Autre chose à partager avant que nous concluions cet entretien ?
Oui, j'encourage les gens à s'emparer de ces connaissances. J'aime bien rappeler la phrase avec laquelle on finit l'ouvrage. C'est une phrase d'Albert Einstein qui dit que ceux qui ont le privilège de savoir ont le devoir d'agir. L'idée c'est vraiment dans un premier temps de s'emparer de la connaissance, de la comprendre, d'en parler autour de soi et de mettre des actions en place pour changer ces pratiques à la fois individuellement et collectivement. C'est l'objectif de cet ouvrage.

Planche de " Horizons climatiques - Rencontre avec neuf scientifiques du G.I.E.C. " (Glénat, 2025), bande dessinée pédagogique d’Iris-Amata Dion et Xavier Henrion pour comprendre les enjeux du changement climatique et des solutions d’adaptation.
© Glénat - Iris Amata-Dion et Xavier Henrion
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